GUEZ DE BALZAC Jean-Louis (1597-1654) littérateur... - Lot 94 - Drouot Estimations

Lot 94
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GUEZ DE BALZAC Jean-Louis (1597-1654) littérateur... - Lot 94 - Drouot Estimations
GUEZ DE BALZAC Jean-Louis (1597-1654) littérateur et épistolier, membre fondateur de l'Académie française. L.A.S. « Balzac », Balzac 4 août 1630, au cardinal de RICHELIEU ; 15 pages in-4. Magnifique et longue lettre à Richelieu, superbement calligraphiée, où Balzac expose en détail le plan de son ouvrage Le Prince (1631). [Cette lettre, qui accompagnait l'hommage d'une copie du troisième livre du Prince consacré particulièrement à Richelieu, « témoigne de l'art de Balzac d'enrichir ses épîtres de la cadence et des tours propres au style oratoire » (Hélène Carrère d'Encausse) ; elle a été publiée dans Les OEuvres, 1665, I, lettre xlix.] « Monseigneur Estant encore arresté icy par quelques affaires, que je ne puis laisser sans les perdre, je souffre avec beaucoup de douleur une si dure necessité, et commence à m'estimer banni en ma Patrie puis que je suis si long temps esloigné de vous. Je ne nie pas que les victorieuses et triomphantes nouvelles, qui nous vienent à toute heure du lieu où vous estes, ne me donnent quelque esmotion de joye, et que je ne sois sensiblement touché du bruit que vostre nom fait de tous costés. Mais ma satisfaction ne sçauroit estre entiere, d'apprendre dans les relations d'autruy les choses dont je devrois rendre tesmoignage, et je m'imagine tant de plaisir a vous considerer en vostre gloire, qu'il n'est point de soldat delà les Monts sous vostre commandement, de qui je n'envie la bonne fortune. Je ne laisse pas pourtant, Monseigneur, ne pouvant vous servir du corps et de l'action, de vous adorer jour et nuit de la pensée, et d'employer à un si digne culte la plus noble partie de moy mesme. Vous estes le perpetuel objet de mon esprit. Je ne le destourne quasi jamais de dessus les merveilles de vostre vie, et si vous avés des Courtisans plus assidus que moy, et qui vous rendent leurs devoirs avec plus d'ostentation et de monstre, je suis certain que vous n'avés point de serviteur plus fidele, ny dont l'affection viene plus du coeur, et soit plus vive et plus naturelle ». Le cardinal verra dans sa lettre la preuve « qu'un homme persuadé a une grande disposition a persuader les autres, et que l'Eloquence animee de l'amour, et appuyée sur la verité remue bien les espris avec plus de force, et y acquiert bien plus de creance, que celle qui se mesle seulement de feindre et de declamer »... Balzac détaille alors le plan de son ouvrage. « Dans le premier Livre il est traité au long de la vertu et des victoires du Roy, de la justice de ses armes, de la Royauté, et de la Tyrannie, des Usurpateurs et des Princes legitimes, de la Rebellion chastiée, et de la Liberté maintenue. [] Apres avoir consideré le Roy avec soin, et monstré sa grandeur par elle-mesme, je la fais voir par la comparaison d'autruy. [] Tout le second livre est employé à ces divers jugemens, et n'en veut qu'à de grands et illustres criminels, dont il descouvre les fautes secrettes, avec une liberté corrigée d'une telle discretion, qu'elle ne viole point le respect qui est deu à la qualité qu'ils ont portée. Le quatriesme contiendra les principaux preceptes de la science civile, plusieurs considerations touchant l'Estat et la Religion, et les plus necessaires regles pour bien gouverner, que je n'ay pas tant prises des livres que j'ay leus, que de vostre vie que j'ay estudiée. Pour le troisiesme que j'oubliois, qui vous regarde particulierement, Monseigneur, et où j'ay parlé du conseil des Princes, de leurs serviteurs et de leurs Ministres, c'est celuy que je vous envoye, en attendant que je vous porte le reste. Or vous scavés, Monseigneur, que le genre d'escrire que je me suis proposé est sans comparaison le plus penible de tous, et qu'il est fort malaisé d'agir d'une perpetuelle contention d'esprit, et de fournir une eloquence qui dure. [] Quant aux Philosophes qui ont escrit de la Politique, leur ratiocination est d'ordinaire si seche, et si descharnée, qu'il paroist que leur dessein a plutost esté d'instruire que de persuader, et d'ailleurs leur stile est si embarrassé, et si espineux, qu'il semble qu'ils n'ayent voulu enseigner que ceux qui sont doctes. [] Mais icy, outre qu'il faut se servir des mots avec plus de choix, et les placer avec plus de justesse que dans les simples narrations, qui pour tout l'esclat et tous les enrichissemens de l'expression, ne veulent que la clarté et la proprieté des termes, J'ay desiré, Monseigneur, de mettre en usage, et de reduire à l'action les plus subtiles idées de la Rhetorique, d'eslever ma raison jusqu'à la plus haute pointe des choses, de chercher dans chasque matiere les verités moins vulgaires, et moins exposées en veuë, et de les rendre si familieres, que ceux qui ne les appercevoient pas, les puissent toucher. C'a esté mon intention de joindre le plaisir à l'utilité, de mesler la delicatesse parmy l'abondance, de ne combattre pas seulement avec des armes bonnes et fortes, mais encore belles et luisantes, et de civiliser la doctrine en la desp
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