FLAUBERT Gustave (1821-1880).

Lot 81
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Estimation :
4000 - 5000 EUR
FLAUBERT Gustave (1821-1880).
3 L.A.S. « Gve Flaubert » (la 1ère signée d'un paraphe), 1866- 1870, à Ernest FEYDEAU ; 1, 2, et 3 pages in-8 sur papier bleu. Lettres amicales et littéraires, la dernière sur la guerre de 1870. [Le romancier et journaliste Ernest FEYDEAU (1821-1873) fut un grand ami de Flaubert ; ancien employé à la Bourse, il documenta Flaubert pour L'Éducation sentimentale. Il sera le père du vaudevilliste.] Nuit de Dimanche [novembre 1866 ?], félicitant Feydeau pour la naissance de sa fille Valentine. « Il y a dans Béranger notre gd poète national (celui que Gustave Planche comparait à Horace) une chanson à cette fin de féliciter le père d'une petite fille nouvellement née. Je suis, ce soir, trop fatigué pr te l'extraire de son volume. - Mais cherche-la & chante-toi la, de ma part. Tu as été bien aimable de m'apprendre cette nouvelle. Puisque l'événement vous fait plaisir il m'en fait. Ah ! mon pauvre vieux, quand Mlle Feydeau sera en âge de m'inspirer des sentiments déshonnêtes, je ne serai plus en état de les lui prouver »... Paris, mercredi matin [29 décembre 1869]. « Mon bonhomme, Je te préviens que j'ai été chez toi, il y a une douzaine de jours. La maison était fermée & la sonnette cassée. J'ai vainement gueulé devant ta porte [...] j'ai été fort occupé par les retouches de la Féerie [Le Château des cœurs] - que j'ai cru reçue un moment - & qui est, de rechef, refusée - puis j'ai lu toutes les injures déversées sur mon bouquin [L'Éducation sentimentale], lesquelles forment un joli tas. Présentement, j'arrive de Nohant et dans peu de temps je retourne à Croisset pour un mois »... Jeudi soir [septembre 1870]. « Mon cher bonhomme, Tu recevras par le même courrier cent francs que je t'envoie dans une lettre chargée. Il m'en reste cent, sur lesquels je prélèverai demain 50 fr. pr m'acheter un revolver. Après quoi, à la grâce de Dieu ! Tu me dis d'emprunter, malheureux, mais à qui ? Dans qq temps les gens les plus riches iront peut-être mendier ! Avant d'avoir la visite des Prussiens nous avons celle des Pauvres, par bandes de 10 à 30 hommes, qui se renouvellent toute la journée. - Ils font des menaces ! Ton ami n'est pas disposé à la douceur. Après avoir failli devenir fou, je suis devenu enragé. - & quoi qu'il advienne je demeurerai idiot. On ne reçoit pas impunément de pareilles averses sur la cervelle ! - N'importe ! ça va mieux. Je suis, présentement remonté. Tout n'est pas fini. - & la Fortune est changeante. Paris sera peut-être brûlé mais les Prussiens y seront écharpés - en gd nombre. Nous avons, ce soir des nouvelles tellement bonnes que je ne veux pas y croire. Ce qu'il y a de sûr, c'est que l'armée de la Loire n'est pas une blague. Il y a passé, à Rouen, depuis deux jours cinquante mille hommes. - La garde nationale de Rouen, part samedi prochain pr X. Je suis submergé par une mélancolie noire. - Quel avenir ! quelle immense bêtise ! quelle dérision ! ô le Progrès ! - & on nous accusait d'être pessimistes ! L'hiver sera bien gentil - dans “ma localité”. Sens-tu la beauté de Badinguet ? Je le trouve unique. Je suis lieutenant, j'ai une milice & j'exerce mes hommes ! Tout cela me fait vomir de dégoût - Quand je ne pleure pas de rage ! Le pire c'est que nous méritons notre sort & que les Prussiens ont raison - ou, du moins ont eu raison. Adieu, tâche d'avoir du courage. [...] Ah ! ma maison est dans un joli état ! car je ne t'ai pas dit que j'abrite tous mes parents de Champagne. - 14 personnes à nourrir, pr le quart d'heure ! & dans quinze jours quelques milliers de pauvres secouent la grille de mon jardin. - N'importe ! il faut être philosophe & blaguer tout de même ! Candide est un beau livre ».... Correspondance (Pléiade), t. III, p. 571 ; t. IV, p. 147 et 238.
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