FLAUBERT Gustave (1821-1880).

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FLAUBERT Gustave (1821-1880).
L.A.S. « ton G », Mercredi 11 h. du matin [9 mars 1853], à Louise COLET ; 7 pages et demie in-8 (petite trace de rouille en dernière page). Longue lettre de conseils littéraires à sa Muse pour son poème L'Acropole d'Athènes. « Je ne prétends pas chère Muse vouloir défendre nos corrections quand même, il doit y avoir dans le gd nombre bien des taches mais l'esprit général en est bon. Corrige ces corrections quant aux répétitions mais dans leur sens, autant que possible, comme nous avons fait nous-mêmes relativement à tes vers. [...] Ne décris pas les Propylées. Songe donc qu'on en a déjà par-dessus les oreilles, de l'architecture. Personne ne te saura gré d'une fidélité aussi scrupuleuse. L'art est avant l'archéologie et tu as déjà tant de colonnes ! etc. ! Passe passe hardiment. Il faut à toute force que tes petits vers arrivent après ces deux magnifiques - pr tailler de sa main/les blocs du Penthélique aussi durs que l'airain. Arrête-toi là, au nom de Dieu ! [...] Ton Poème ne pèche pas par la sécheresse n'aie pas peur. C'est l'abondance au contraire qui peut causer de la fatigue. - Tous ces détails “formant des ailes, servant de vestibule” etc. sont fastidieux. C'est trop didactique - et enfin j'en reviens toujours là. Il faut s'arrêter infailliblement aux vers cités que je trouve sublimes de raide & de net. [...] Adopte donc nos coupures ; seulement si nous avons laissé des répétitions corrige-les. Il y en avait dans le premier morceau (les hexamètres du commencement) que nous n'avons pas eu le temps de changer »... Puis il en vient à la partie du poème sur Les Barbares : « Causons maintenant des Barbares c'est grave. Pour faire complètement bien ce morceau, il eût fallu ne pas ménager deux classes de citoyens auxquels il nous est interdit de toucher 1° les prêtres 2° les académiciens eux-mêmes. Ce sont ces deux genres d'animaux féroces qui, quant à l'idée du Beau (l'idée antique) ont fait plus de mal que les Attila, & les Alaric. - Nous ne pouvons donc rendre notre Pensée qu'avec des adoucissements sans nombre et une atténuation originelle, qui l'affaiblit de soi-même - & il faut aller auprès du but & non au but. - Ton morceau n'était pas bon. il était même mal écrit, mou, trop long d'ailleurs, & ne disait rien des autres Barbares (ou trop peu) ». Suivent plusieurs remarques et corrections, se référant notamment à la version refaite par Flaubert et Bouilhet, avant de conclure : « Ce morceau des Barbares me paraît d'ensemble très pompeux, lyrique et gueulard. C'est pr cela qu'il me plaît. [...] Sois sûre que toutes nos corrections ont été mûrement délibérées. - Nous y avions d'abord passé tout l'après-midi du jeudi. B. [Bouilhet] y a travaillé Vendredi & Dimanche Samedi et Dimanche nous avons encore revu le tout, et nous sommes mis au travail le soir. Pour moi, il me semble que j'y vois clair. Si nous avions pu tout de suite avoir le poème recopié, je te jure bien qu'on te l'aurait renvoyé propre tout à fait. [...] Adieu bonne chance mille caresses ».... Correspondance (Pléiade), t. II, p. 258.
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