FLAUBERT Gustave (1821-1880).

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FLAUBERT Gustave (1821-1880).
MANUSCRIT autographe, La reconnaissance de Sacountala, drame sanscrit et pracrit de Calidasa, [vers 1846] ; titre et environ 48 pages sur 28 feuillets in-fol., (30 x 19 cm) ; sous chemise dos maroquin noir, doublures de suédine grise, étui (petite manque à un angle p. 5). Important et très intéressant manuscrit inédit de jeunesse, se rattachant à son projet de conte oriental. Le projet de conte oriental occupa beaucoup Flaubert dans les années 1845-1848. Revenu de son voyage en Italie et ayant terminé la première Éducation sentimentale, il décida d'écrire un « conte oriental », qui se serait intitulé Les Sept Fils du derviche. De ce projet inabouti, auquel succédera La Tentation de saint Antoine, ne furent écrits que divers scénarios, publiés par Jean Bruneau en 1973 (Le “Conte oriental” de Flaubert. Documents inédits, Les Lettres nouvelles, 1973), puis dans le tome II des Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade. À la fois pour se documenter et pour attraper le ton voulu, Flaubert se lança dans de vastes lectures orientales. Parmi celles-ci, la traduction par Antoine-Léonard de Chézy de La Reconnaissance de Sacountala, drame sanscrit et pracrit de Calidasa, publié pour la première fois, en original, sur un manuscrit unique de la Bibliothèque du roi, accompagné d'une traduction française (Dondey-Dupré, 1830). Telle est l'édition qu'utilisa Flaubert pour ce manuscrit et qu'il avait, en août 1846, demandé à son ami Emmanuel Vasse de Saint-Ouen d'emprunter pour lui à la Bibliothèque royale. (En 1858, Théophile Gautier en tira le livret du ballet-pantomime pour Lucien Petipa, Sacountala, mis en musique par Ernest Reyer). Le 20 septembre 1846, Flaubert confiait à Maxime Du Camp: « Je commence à être embêté de Sacountala. N'y travaillant que le soir [...] je trouve que cela n'avance pas vite ». Ce manuscrit, qui paraît inédit, forme un scénario suivi, un peu abrégé, adapté du célèbre drame indien. La comparaison avec la traduction de Chézy montre que de très nombreux passages du texte, surtout les dialogues, se trouvent textuellement recopiés par Flaubert, le reste se trouvant résumé. Le côté romantique de l'histoire de cet amour conjugal avait dû séduire le jeune Flaubert : répudiée par son époux, le roi Douchmanta, par suite de la malédiction d'un mouni (sage), Sacountala se réfugie dans la solitude, où elle élève son fils Bharata. Revenue à la cour, elle est repoussée par le roi, qui refuse de la reconnaître. Mais elle retrouve l'anneau qu'il lui avait autrefois donné et rentre en grâce auprès de lui. Flaubert a analysé et résumé pas à pas le prologue et les sept actes du drame. En fait, il n'hésite pas à recopier très longuement les passages qui l'ont charmé, et même à transcrire en marge des notes expliquant certains mots sanscrits ; ainsi, page 10 v° : « Selon une note c'est le Hinna, henné, couleur vermeille extraite du Lawsonia inermis qui sert à colorer les ongles des doigts et des pieds. Quant .../...aux yeux, c'est-à-dire au bord des paupières dont le trait est prolongé un peu au-delà de l'angle extérieur de l'œil, c'est du collyre que les femmes asiatiques emploient »... Manifestement, Flaubert a été très touché par la poésie de ce drame. La longueur même du manuscrit (51 pages) atteste avec quelles délices il se plongea dans ce drame oriental, qui le fascinait, et aussi avec quelle conscience il s'attacha à en extraire l'essentiel. Citons quelques extraits. À propos du Prologue, Flaubert note (p. 1) : « Dialogue entre le Directeur du théâtre et une actrice. Ils se font des compliments réciproques tout à fait dans le goût moderne. On a peine à croire que ce soit Indien »... Acte I (p. 3). « Sacountala se plaint que Priyamvada lui a trop serré sur le sein son vêtement de tissu d'écorce. À peine si elle peut respirer. Anousaya le délie. - Priyamvada : “ Bien bien, ma douce amie, développe avec orgueil cette fleur de jeunesse qui brille avec tant d'éclat sur ton sein arrondi”. - Douchmanta : “ Oh qu'elle dit vrai !... La coupe du lotus, à travers un réseau verdâtre de plantes aquatiques, n'en est pas moins ravissante : les taches disséminées sur le disque argenté de la lune font davantage ressortir son éclat ; ainsi cette belle fille, sous son voile d'écorce n'en paraît que plus séduisante à mes yeux”. Les jeunes filles se promènent, elles regardent les fleurs la malica et l'amra. - Sacountala : “ Oh ! qu'elle est ravissante cette saison où les arbres eux-mêmes semblent ainsi s'unir dans d'amoureux embrassements. Ne dirait-on pas que cette jeune plante ait mis à dessein sous la protection de cet arbre robuste et tout chargé de fruits ses fleurs si tendres et si délicates ! »... Puis, à propos d'une abeille : « Qu'elle est ravissante ! Sur tous les points où voltige cet insecte léger, plus légère que lui, avec quelle grâce elle le chasse sans relâche !... Trop heureux insecte, tu peux donc dans ton vol effleurer l'angle de cet œil à demi fermé, où la crainte exci
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