FLAUBERT Gustave (1821-1880).

Lot 54
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FLAUBERT Gustave (1821-1880).
5 L.A.S. « G. Flaubert » puis « Gve Flaubert », [Rouen 1834-1841, à Ernest CHEVALIER aux Andelys ; 3 pages in-4 (bords froissés), 3 pages in-8 (petit trou par bris du cachet), 3 pages in-8, 2 pages et quart in-4, et 2 pages et demie in-4, adresses. Très belle correspondance de jeunesse, souvent libre, sur sa vocation d'écrivain, à son ami intime. [Ernest CHEVALIER (1820-1887), condisciple du jeune Flaubert au Collège de Rouen, fut son confident le plus intime, et le complice de ses premiers essais littéraires et de se fredaines.] [Rouen 29 août 1834]. Il travaille « tous les jours. J'avance dans mon Roman d'Isabeau de Bavière dont j'en ai fait le double depuis que je suis revenu de mon voyage de Pont-l'Évêque. Tu connaissais l'histoire de la religieuse qui s'était en allée de l'hôpital. Eh bien, l'indiscret l'a mis dans son journal [article paru dans L'Indiscret d'Auguste Lireux]. Mais jamais article ne fut plus bête ni plus pitoyable. D'abord c'est fort mal écrit sans verve ni esprit, puis les trois quarts ce n'est que mensonge ». Et il cite deux vers de « notre ami Victor Hugo » : « Car je n'ai vu qu'orgueil, que misère et peine/Sur ce miroir divin qu'on nomme face humaine »... Puis : « Tu crois que je m'ennuis de ton absence oui tu ne [te] trompes point et si je n'avais dans la tête et au bout de ma plume une Reine de France au quinzième siècle je serais totalement dégoûté de la vie et il y aurait long-temps qu'une balle m'aurait délivré de cette plaisanterie Bouffonne qu'on appelle la vie. [...] Ton ami jusqu'à la mort »... 26 septembre 1837. « Je t'écris ce soir, fatigué, harassé et à la lueur de ma chandelle, quoique je pusse remettre à demain ta lettre, mais maintenant je suis tellement hébété de travail que je n'ai de cœur que pour t'écrire. Imagine-toi que depuis vendredi matin je travaille 12 à 14 heures par jour sans désemparer, seulement pr manger et fumer une pipe après déjeuner, aujourd'hui, comme j'avais bien travaillé, j'en ai fumé deux (prix d'encouragement). J'avais pris des notes pour le tiers à peu près lorsque je me suis apperçu que cela me demanderait un temps immense, or je me suis vu forcé de commencer mon texte sans matériaux, m'arrêtant au beau milieu d'une période pour fourrer le nez dans un bouquin pour lire une page de latin et comme ton ami l'historien n'est pas fort, en littérature romaine, ça n'allait pas vite - enfin brand j'aurai fini demain ».... Mercredi 21 [août 1839]. « Est-ce que ce cher Ernest m'aurait gardé rancune pr la brièveté de ma dernière lettre ? Je suis sûr que c'est un trop bon bougre et qu'il n'y pense pas plus qu'il ne pense à me répondre gredin que tu es (j'abandonne ici la troisième personne) tu ne peux pourtant pas alléguer tes nombreuses occupations, car je crois que tu n'as rien à faire qu'à fumer et à te chauffer les couilles au soleil. C'est là ce que je fais maintenant et ce que nous ferons encore plus merveilleusement quand nous allons être ensemble ce qui sera sous peu. Me voilà sorti de la classe de rhétorique. Dans un an à nous deux oh alors quels dînés/quels dînés ces messieurs se seront donnés ou plutôt se donneront se fouteront s'ingurgiteront s'introduiront - quelles nopces et festins salons de 20 couverts quelle pantagruélisme ! quel punch pr dire adieu au Collège. Je ne dois pas pourtant me plaindre, car l'année de rhétorique passée sous ce divin père Magnus m'a paru assez courte et si l'autre ne me paraît qu'une fois plus longue je serai fort heureux. Je fais de l'anglais à force - je lis le cours d'antiquités de Mr de Caumont quelques romans du Grand Voltaire (comme dit le garçon philosophe matérialiste atomistique molécules organiques cynique) et la Correspondance du même particulier ce qui vaut bien le recueil de lettres morales et les Contes à mes fils de Mr de Bouilly. Mes succès en rhéthorique se sont bornés au 2e access[it] de discours français et au 2e p.[rix] de Hist[oire]. J'ai fait de pitoyables compositions ».... Dimanche 11 h. du matin [18 avril 1841]. « Le déjeuner m'attend/Le mouton est prêt/La vapeur fume/À une heure je pars pour Trouville où je resterai une huitaine. À mon retour à Rouen j'espère trouver une de tes lettres - Je suis revenu à fort bon port dans ma charmante ville natale. Bonsecours était encombré de chameaux avec leurs cornacs. - Tu sauras que ton ami est un homme si agréable qu'il fait des jaloux. Je ne dis pas des jalouses mais des jaloux ».. Lundi 18 [octobre 1841]. « Tu me regardes déjà comme un drôle de ne pas t'avoir écrit plus tôt. Mais il ne faut pas t'en étonner, car tu sais que je suis fier, vermine et canaille. En second lieu à peine arrivé de Trouville j'ai eu les sieurs Hamard et Florimont ; et j'aimais mieux être seul avec toi pr fumer plus à l'aise. D'ailleurs il fait froid, le feu va recommencer dans ma chambre et j'ai maintenant une petite boîte de cigarres belges, un peu entamée il est vrai et qui demande à être patrouillée par toi - je t'attends donc au plus
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