PICABIA FRANCIS (1879-1953).

Lot 117
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PICABIA FRANCIS (1879-1953).
MANUSCRIT autographe signé, [Ennazus], 27 août 1946 ; cahier petit in-4 (22 x 17,5 cm) de 35 feuillets cousus par des fils blancs. Manuscrit de travail du poème Ennazus. Écrit à l’encre noire au recto (sauf une esquisse biffée au dos du premier feuillet) de feuillets arrachés d’un cahier de papier quadrillé à petits carreaux (plus un feuillet réglé et un sans ligne ni quadrillé), il porte en fin la date et la signature (biffées) : « Terminé à Rubingen / le 27 août 1946 / Francis Picabia ». Picabia a composé ce recueil de poèmes, longtemps resté inédit, pendant des vacances en Suisse, à Rubingen, dans la famille de sa femme Olga ; ces textes sont le reflet des relations amoureuses tumultueuses de Picabia avec sa maîtresse Suzanne Romain (Ennazus est le renversement de Suzanne) [sur cette liaison, voir Carole Boulbès, Picabia avec Nietzsche. Lettres d’amour à Suzanne Romain (1944- 1948), Les Presses du réel, 2010]. Picabia en a établi le 13 septembre 1946, un dactylogramme, intitulé Ennazus, qui fut adressé à Christine Boumeester, et qui fut publié en annexe des Lettres à Christine (Gérard Lebovici, 1988, p. 201-246), avant d’être recueilli dans les Écrits critiques (Mémoire du Livre, 2005, p. 625-671). Ce manuscrit de travail, qui présente quelques ratures et corrections, en donne une version intermédiaire, avec d’importantes variantes.  Le manuscrit se présente en vers libres, et est découpé en courtes strophes séparées d’un trait de plume, qui viendront plus tard s’insérer dans le texte définitif, mais peuvent plutôt se lire comme un texte parallèle, Picabia ayant effectué, en quelque sorte, un collage de deux textes. Le début [1-3], sans titre, correspond au poème La Survivante (Écrits critiques, p. 627-629) : « Tout est hanté, comme toi-même comme un fantôme dans un monde d’apparition »… en 12 strophes, dont nous citons aussi la dernière : « Pour l’amour d’une femme tu contrecarres tes désirs c’est le moyen de te débarasser de toi ». [4-5] Poème intitulé Dernier jour, qui deviendra dans la version finale la conclusion de La Survivante : « Oui, demain, tu ne me verras plus, je t’aime »… 17 vers, précédant les trois derniers vers du poème, et entourés d’un trait de plume, viendront s’insérer dans le début du poème plus tard intitulé Derniers jours : « Au milieu de la nuit / je trouve que c’est dommage / de la mettre au couvent »... [6-30] Strophes et aphorismes qui viendront s’insérer dans Derniers jours, avec d’importantes variantes, ainsi que des vers et aphorismes non utilisés restés inédits. Ainsi [f. 10], une strophe est restée inédite (voir Écrits critiques, p. 635) : « sans poser la moindre question. ______________ Une confidence de toi sois tranquille, qu’est ce que cela peut te faire ? Je n’irai pas à Villars Palace tu as confiance en moi tant pis. C’est bien gentil, ma chère Suzanne [Ennazus dans la version finale] »… Remarquons encore des vers non retenus sur la peinture et les marchands de tableaux [f. 20-21 (p. 642)], ou [f. 30 (p. 651)] la version différente de la fin du poème : « L’épingle de son chapeau chuchota : je suis comme vous la chaleur m’enlève mes forces, le soleil coule sur son cou cela me dégoute et avec une espèce de folie me regarda à travers un voile pour s’évanouir sur ma bouche. » La strophe suivante, de 5 vers, n’a pas été retenue : « Madame la comtesse / s’élança dans l’escalier »… [31-35] Strophes et aphorismes qui viendront s’insérer dans le début (p. 652-657) du poème Adieu, avec d’importantes variantes, ainsi que des vers et aphorismes non utilisés restés inédits, comme ceux-ci [f. 32] : « Un coq-à-l’âne n’a jamais résolu un problème » ; « On rêve avec l’espoir de se séparer de sa vie ». Citons encore la fin de ce cahier : « L’histoire de cette vie est cruelle, mais ma pensée a conquis une puissance nouvelle. Tu dois respecter ces misérables poèmes qui pourront protéger ton cœur, […] toutes ces choses et d’innombrables autres sont indépendantes de toi elles sont intangibles et inaccessibles, malheur à toi si tu y portes la main. » Provenance : Francis Picabia. Une collection (Ader, 13 décembre 2012, n° 66).
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