LOUŸS Pierre (1870-1925).

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LOUŸS Pierre (1870-1925).
23 L.A.S. « Pierre Louÿs » ou « P. L. », 1899-1902, à Augustine BULTEAU ; environ 60 pages formats divers, la plupart in-8, à l’encre violette (traces d’onglets, petits défauts à quelques lettres). Très intéressante correspondance à une amie, abordant, avec légèreté et humour, les sujets les plus variés. [Augustine BULTEAU (1850-1922), surnommée « Toche », était une figure marquante du milieu mondain et littéraire. Fort riche, elle acheta, après son divorce en 1896, en compagnie de son amie, la comtesse de la Baume-Pluvinel, le fameux palazzo Dario à Venise. Elle avait à Paris, avenue de Wagram, un salon littéraire où se retrouvaient Barrès, Henri de Régnier, Anna de Noailles, Maurras, ainsi que des amis proches de Pierre Louÿs, comme Paul-Jean Toulet et Jean de Tinan. Elle écrivait dans Le Gaulois puis Le Figaro des articles signés « Fœmina ». Louÿs fut en relation avec elle pendant quatre années, de 1898 à 1902, et Mme Bulteau joua auprès de lui un rôle de confidente et de conseillère parfois encombrante. Elle voulut notamment le marier à Germaine Dethomas, sœur de son ami Maxime Dethomas. Mais il choisit Louise de Heredia.] Il est question de théâtre et de L’Aiglon d’Edmond Rostand, de critique littéraire, du Roi Pausole, de bibliophilie et de reliure, du peintre Zuloaga, de l’emploi du temps quotidien de Louÿs, de l’actualité mondaine et parisienne. Pierre Louÿs adoptait avec Madame Bulteau un ton amical et badin. Nous ne pouvons donner ici que quelques extraits de ces lettres pleines d’esprit. 19 mars 1900. Après la création de L’Aiglon d’Edmond ROSTAND. « Je n’aime pas que quand un monsieur a écrit cent vingt-cinq pages il m’oblige à les écouter depuis le premier mot jusqu’au douze millième. Lorsqu’une page de roman me fait bâiller, j’en saute quarante ou simplement j’abandonne le livre ; au théâtre on se croit obligé de tout prendre. [...] Bref je n’ai jamais entendu la moindre pièce de notre illustre dramaturge. Je sais seulement pour l’avoir lu qu’il construit un acte mieux encore que Sardou et qu’il fait des vers encore plus mauvais que ceux d’Émile Augier. Double miracle. Mais ce Rostand a du mouvement et du fond du cœur je vous affirme que ce mot là signifie génie. En tout cas il n’y a pas de qualité plus rare. Cela ne veut pas dire que j’aime ses pièces ». [1901]. Louÿs conseille à Mme Bulteau une approche originale pour son album amicorum, et se permet d’écorner certaines gloires littéraires du moment : « Sur ces pages, et pour que le texte s’accorde au maroquin ou au vélin doré qui l habillerait il me semble qu’à votre place je demanderais à mes amis de me faire une petite anthologie de leurs prédilections. Aucune dame n’a jamais fait cela. Ne trouvez-vous pas qu’un passage choisi par Hervieu ou Régnier dans Crébillon ou dans Laclos serait quelque chose de plus rare qu’un paragraphe extrait de leurs livres futurs ? et qu’il est intéressant de savoir quel artiste de jadis choisirait Forain si on lui demandait de copier un dessin qui ne fût pas de lui ? Bien entendu tout devrait être antérieur à 1780 ». 9 juillet 1901.Sur Les Aventures du Roi Pausole : « Les livres sont comme les vins ; ils passent en vieillissant. Avec l’âge, ceux qui étaient pâles sont devenus fadasses ; ceux qui étaient trop vifs ont pris du corps et “se sont faits” comme disent les amateurs de vins. Ainsi, laissez donc ce roman dans votre bibliothèque – j’allais dire dans votre cave – et dites-vous qu’il est “trop jeune”, que c’est du crû 1901. Vers 1940, si vous voulez bien encore vous souvenir de moi, vous direz peut-être aux jeunes filles, qui ne vous comprendront pas du tout : “quand je pense qu’autrefois nous trouvions cela… léger !” »… – 10 juillet, à propos de la reliure que Mme Bulteau veut faire sur ce livre, Louÿs décrit, tel un expert en héraldique, les armes de Pausole : « Il porte “tiercé en pal ; au 1, d’or au chat assis de gueules, couronnée de sinople, tenant une cigarette du même (qui est de Pausole) ; au 2, d’azur aux trois moutons passants d’argent accornés de sable, accolés de gueules et clarinés d’or (qui est de Tryphême) ; au 3, d’argent à la macle de gueules (qui est de Paphos)” », avec la devise : Je suis Pausole. « Régnier aurait voulu que je vous propos…asse : “d’azur à une Vénus de carnation sortant d’une mer d’argent ; au chef d’or chargé d’un bouquet de trois cerises de gueules liées de sinople et accompagné de deux tortues de sable”. – Mais ce sont des armoiries absolument fantaisistes, et même littéraires »… 6 décembre 1901. Une lettre parlant d’un article de La Vie parisienne, et d’un sonnet de Swinburne est annotée en tête : « Correspondance de P.L. Lettres à Mme B. tome XIV, lettre 802 », et avec l’imitation de diverses cotes de marchands d’autographes, dont Charavay. 29 décembre 1901. Emploi du temps fantaisiste : « 1. Éveillé chaque jour à quatre heures du matin, j’offre d’abord mon cœur à Dieu, par un acte de foi et d’humilité. 2. Aussitôt après, observant une grande mode
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