FLAUBERT Gustave (1821-1880).

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FLAUBERT Gustave (1821-1880).
4 L.A.S. « Gve Flaubert », 1871-1879, à Jeanne de TOURBEY, comtesse de LOYNES ; 1 page et demie, 1 page (sur papier bleu), 2 et 2 pages in-8. Belle correspondance galante et pessimiste, pendant la rédaction de Bouvard et Pécuchet. [Jeanne Detourbay, dite de TOURBEY, devenue en 1873 par mariage comtesse de LOYNES (1837-1903), tint un salon influent ; surnommée « la dame aux violettes », elle eut de nombreux amants.] Dieppe 12 mars [1871]. Il a tardé à lui écrire, « parce que j’ai brûlé, à l’arrivée des Prussiens chez moi, beaucoup de papiers parmi lesquels se trouvait la lettre m’indiquant votre adresse à Londres ! J’ai bien pensé à vous – & à la perte affreuse que vous avez faite [son amant, le ministre Jules Baroche] ! L’idée de votre douleur s’ajoutait à mon chagrin – qui a été excessif. Je m’étonne de ce qu’on peut endurer sans mourir ! Je me suis, quand tout a été perdu, réfugié à Rouen, puis à Dieppe – mon pauvre Croisset a encore 40 Prussiens ! et j’en ai eu 10 pendant 45 jours ! Le fiel m’étouffe & je suis comme vous arrêté au Désespoir fixe. […] Je vous embrasse bien tendrement et suis, (comme vous m’appeliez dans des temps plus gais) votre vieux fidèle »… Croisset 28 [décembre 1874]. « On oublie son vieil ami ! c’est mal – depuis trois mois pas un mot ! mais moi, je pense à vous, chère belle et très souvent, encore ! – si bien que [je] vous souhaite, la Bonne année, tout bêtement comme un bourgeois. Allons que 1875 vous soit léger ! Vous ne me verrez pas avant six semaines. Je suis dans le travail jusque par-dessus la tête. &, (vu la solennité du jour de l’an) je baise toutes les places de votre jolie personne que vous abandonnerez à mon amitié peu respectueuse – car vous n’êtes pas encore respectable ma belle Amie, mais toujours enviable – et désirée »... Dimanche [Croisset fin octobre 1878]. « Il n’est pas possible d’être meilleure que vous ma chère belle amie. – Quelle bonne & gentille lettre ! comme elle vous ressemble ! Nous allons être encore longtemps sans nous voir. Car je ne reviendrai pas à Paris avant le commencement de Février ! c’est le moyen d’avancer plus promptement mon interminable livre ! L’existence me semble de moins en moins drôle. Dans les intervalles de ma besogne je rumine mon passé, je songe au Présent (qui est lugubre) & je songe à ma crevaison – voilà mes plaisirs. – De temps à autre, aussi l’image de votre charmante figure m’apparaît & je voudrais la couvrir de baisers. – Autre rêve, autre sujet de tristesses. N’importe, rien n’est bon comme de savoir que là-bas une personne exquise pense à vous. […] La Féerie [Le Château des cœurs] dont Daudet vous a parlé est un vieil ours – que je tâche maintenant de placer, dont je voudrais bien tirer qques écus, – & que je trouve moi, à la hauteur des plus applaudies, – ce qui est l’estimer fort bas. […] Je rêve à vos mains & je les baise en me mettant à vos genoux »... Samedi soir [Croisset 8 novembre 1879]. « Non ! ma chère belle, Me Plessy ne m’a adressé aucun remerciement. Cela vous étonne ? – pas moi ! je connais les gens ! & quand nous serons en tête à tête je vous exprimerai mon opinion entière sur cette personne – elle est médiocre. Voilà le fin mot. Au demeurant, bonne femme, qualification qui ne veut rien dire. Elle avait beaucoup de talent mais le talent ne constitue pas tout l’être – il dépend d’une faculté particulière, & très restreinte, et des gens de génie, peuvent être des imbécilles en dehors de leur spécialité. Je ne connais rien de Nana [de ZOLA], par conséquent n’en puis rien dire. Mais je me suis délecté avec le dernier volume de notre ami Renan. Quel bijou d’érudition ! quel historien. Pour le chapitre que j’écris maintenant [Bouvard et Pécuchet] je lis beaucoup de livres de dévotion moderne & aujourd’hui j’ai trouvé qque chose de bien joli – que je vous envoie pr votre récréation : “n’avez-vous point commis des actions déshonnêtes avec les animaux ?” (Manuel du jeune Communiant, p. 370) – Les affaires de la Bourse, dont vous me parlez, n’arrivent pas jusqu’à moi – Dieu merci – dès qu’on me parle de ces choses-là, – ou le sommeil me prend, (un sommeil d’ennui invincible) – ou l’exaspération. Vous me demandez quand nous verrons-nous ? ce ne sera pas demain, hélas ! puisque je ne quitterai ma cabane, qu’ayant terminé mon affreux bouquin – c’està-dire à la fin de l’hiver. Gardez-moi votre affection, chère belle & croyez à l’inaltérable tendresse de votre vieux dévoué »… Correspondance (Pléiade), t. IV, p. 289, 898 ; t. V, p. 456, 734.
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