APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918).

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APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918).
MANUSCRIT autographe signé « Guillaume Apollinaire », La Vie anecdotique – Hymne de la Société des Nations. – Le Tabac, [août 1918] ; 12 feuillets in-8 écrits au recto, montés sur feuillets de papier vélin en un volume grand in-8 ; reliure souple chagrin ébène avec titre doré sur le plat sup., dos lisse, doublure et gardes de daim amarante, chemise demi-chagrin noir à bandes, étui (Loutrel). Une des dernières chroniques de La Vie anecdotique, parue le 16 août 1918. La Vie anecdotique, rubrique de la « Revue de la quinzaine » du Mercure de France, fut créée pour Apollinaire à partir d’avril 1911, il la tint jusqu’à sa mort. Le manuscrit, à l’encre noire, au dos de feuilles d’adresses d’abonnés à la revue L’Action, présente de nombreuses ratures et corrections. Hymne de la Société des Nations. « Quel sera l’hymne de la Société des Nations quand elle existera, si jamais elle existe, bien qu’il paraisse aujourd’hui fort possible qu’elle existe un jour ? Il paraît qu’elle a déjà son drapeau ».Et Apollinaire cite 8 vers de la chanson de Béranger, La Sainte Alliance des peuples : « J’ai vu la Paix descendre sur la terre »… Puis il propose une nouvelle version de ces 8 vers : « Pauvres mortels, tant de haine vous lasse »… Puis, faisant allusion au film italien de Mario Corsi, Frate Sole, sur la vie de François d’Assise, Apollinaire, pensant que « frère Soleil doit présider à la Société des Nations, cite encore huit vers de Béranger : « Chez vos voisins vous portez l’incendie »…, et il ajoute : « Avouons que ces strophes ne sont pas sans beauté. Quand elles auront l’ancienneté nécessaire et qu’on ne sera plus sensible à ce que certaines expressions ont aujourd’hui de démodé, on reconnaîtra bien qu’elles sont d’un véritable et grand poète »… Et il cite une autre strophe : « Des potentats, dans vos cités en flammes »…, et la commente : « Notre âge a vu des scènes semblables qui croyait-on, ne se reproduiraient plus. Et devant ces retours singuliers et inattendus de l’Histoire, quelques jeunes gens ont déjà déclaré devant moi : “La Société des Nations n’empêchera pas ces choses d’avoir de nouveau lieu à l’occasion” ». Citant une nouvelle strophe : « Que Mars en vain n’arrête point sa course »…, il célèbre l’époque « admirable » du romantisme, et de ses belles utopies, avant de citer une nouvelle strophe : « Oui, libre enfin, que le monde respire »… et d’ajouter : « Rien de plus simple, de plus noble et de mieux composé. Au témoignage d’Eckermann, Goethe professait une estime particulière pour le talent lyrique de Béranger. On ne le tient plus guère que pour un poète mineur ; mais combien de nos poètes majeurs contemporains seraient capables de composer cette strophe ou plutôt ce couplet du grand chansonnier ? » Après une dernière strophe : « Ainsi parlait cette vierge adorée »…, il conclut qu’en réponse à la bataille de Waterloo (appelée par les Allemands « bataille de la Sainte Alliance »), « une bataille pourrait bien avoir lieu, que nous appellerions “la bataille de la Société des Nations”, et qui détruirait à jamais ce qu’il est convenu d’appeler le militarisme prussien ». Le tabac. Apollinaire mentionne ironiquement une étude scientifique sur les cendres de tabac, et termine en recopiant le sonnet La Pipe de Saint-Amant : « Assis sur un fagot une pipe à la main »… Œuvres en prose complètes (Pléiade), t. III,p. 289-293.
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