BARBEY D'AUREVILLY Jules (1808-1889).

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BARBEY D'AUREVILLY Jules (1808-1889).
MANUSCRIT autographe signé «J. Barbey d'Aurevilly», L'Académie sans candidats, [1873] ; 3 pages in-fol. aux encres brune, rouge et verte, découpées pour composition et remontées sur onglets sur papier vélin, reliure demi-maroquin rouge, pièce de titre sur le plat sup. Amusant article polémique contre l'Académie Française. Publié dans Le Gaulois du 19 mai 1873, l'article sera recueilli dans Dernières Polémiques (1891). Barbey d'Aurevilly avait déjà brocardé l'Académie française dans Les Quarante Médaillons de l'Académie (1864). Barbey constate ce fait, aussi inexplicable que comique : depuis l'élection de VIEL -CASTEL , l'Académie n'a plus de candidats ! «L'Académie Française, cette République des Quarante, créée par le caprice d'un cardinal despote, qui avait malheureusement du Trissotin sous sa robe rouge, et qui trouva drôle de fonder sur le nombre et le vote ce gouvernement littéraire qui ne devait rien gouverner du tout, bien avant qu'on boutât là-dessus nos amours de gouvernements politiques, l'Académie Française est, pour le moment, aussi embarrassée que La République conservatrice de M. Thiers, et menacée de ne pas se conserver davantage !»... Avec beaucoup de verve, Barbey commente cette situation, tout en ridiculisant les manigances habituelles des candidats : «Il y a cependant encore en France quelques gens d'esprit plus ou moins dépravés - ils le sont parfois, ces gueux de gens d'esprit, - qui humaient naguère le fauteuil et en avaient la fantaisie, mais ce saut (sans aucun calembourg) de M. de Vieil-Castel qui comme un clown éblouissant, tout terne qu'il soit du caoutchouc de la Revue des Deux Mondes, leur a passé par-dessus le corps et la tête avec une si insolente facilité, les a terriblement refroidis... Je n'entends plus parler ni de M. About, ni de M. de Pontmartin, ni de M. Arsène Houssaye, ni de personne. Tous envolés, comme des moineaux francs, ces picoreurs d'Académie ! [...] Il est vrai que les gens d'esprit lui manquant, il lui restera les imbécilles pour candidats, à l'Académie, et si les imbécilles eux-mêmes vieilcastelisés ne voulaient plus mordre à la grappe de l'Académie, elle aurait, en dernier désespoir, les femmes, qui déjà la guignent avec convoitise»... Combien de bas-bleus pour faire la monnaie du moindre des candidats ?... Et de terminer par une attaque politique directe : «Pauvre Académie ! Tombée en quenouille, enjupponnée, finie, morte sur pied, faute de candidats ! C'est triste, mais ce serait gai, n'est-ce pas ? si l'autre république, comme celle-ci, discréditée, dépopularisée, sous l'use du mépris public, allait périr aussi, faute de candidats !» Le manuscrit, aux encres multicolores, présente des ratures et corrections. Il se clôt sur une spectaculaire signature, avec des paraphes en volutes. Ph. de Flers, Th. Bodin, L'Académie française au fil des lettres, p. 234-241.
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