CLAUDEL Paul (1868-1955) [AF 1946, 13e f].

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CLAUDEL Paul (1868-1955) [AF 1946, 13e f].
MANUSCRIT autographe, [Remerciement à mes amis de Belgique], 25 octobre 1946 ; 7 pages et quart in-fol. avec ratures et corrections. Discours prononcé à Bruxelles le 11 décembre 1946 pour la remise de son épée d'académicien. [Le texte a été publié dans Le Figaro littéraire du 14 décembre 1946, et recueilli dans Discours et Remerciements (1947).] Claudel parle de sa double vocation de diplomate et de poète. « Ce n'est pas ma faute si le petit provincial farouche sans manières et sans relations qui un beau jour vint frapper d'un doigt méfiant et craintif à la porte des augustes bâtiments du Quai d'Orsay, se vit tout à coup, sans savoir au juste comment, happé, aspiré, arraché, par une carrière de consul et de diplomate qui devait durant 46 ans et le promener à travers tous les cantons de la planète. J'étais cependant à ce moment même titulaire d'une vocation aussi scandaleuse qu'indubitable de poète » Il évoque son « vieux maître, Stéphane MALLARMÉ », son travail fastidieux de copieur de dépêches, puis sa rencontre décisive avec « le plus précieux, le plus sûr, le plus clairvoyant et le plus affectueux des frères, Philippe BERTHELOT. [] Philippe a fait de moi un ambassadeur, et, ma foi, à ce que j'ai entendu dire, pas plus intolérable qu'un autre »... Il se reporte à la « fabuleuse année 1890 » et à la publication de ses premiers livres : « quelles briques plus noyées dans la mare de l'inattention générale que ces bouquins anonymes et forcenés où sous l'enseigne de l'Art indépendant j'inscrivais mes premières protestations, Tête d'or, dont votre grand poëte Maeterlinck fut à peu près le seul à s'apercevoir, la Ville ! » Il parle des bouleversements auxquels il a assisté au cours de ses soixante-dix-huit ans, et de sa conversion : « Tout était plein, l'estomac des possédants comme la cervelle des philosophes : plein, coincé, bourré, tendu, dilaté jusqu'à la congestion et jusqu'à la boursouflure. Une mauvaise conscience générale qui se traduisait par une espèce de confiance désespérée dans le fait brutal et dans la force matérielle. Quant à moi, pauvre petit garçon frais émoulu de ma province, l'atmosphère qu'on respirait à Paris en ces tristes années m'avait submergé d'horreur et de désespoir, et une certaine après-midi de Noël à Notre-Dame m'avait permis de respirer quelques bouffées d'un air plus pur »... Puis survint la guerre de 1914 « Il m'est arrivé une chose magnifique ; c'est que j'ai rencontré le Dieu vivant [] J'ai eu raison de croire à la lumière et à la joie. Ce n'est pas ma faute si Dieu existe ! »
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