BRETON André (1896-1966).

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BRETON André (1896-1966).
MANUSCRIT autographe signé « André Breton », Une maison peu solide, [1919] ; 1 page in-4. Beau poème en prose dédié à Tristan Tzara. Le manuscrit, bien calligraphié à l'encre bleue poète, est signé à la fin, au-dessus de la dédicace soulignée « à Tristan Tzara ». Il porte un sous-titre, en écriture penchée : « Le gardien des travaux est victime de son dévouement ». Le poème en prose, Une maison peu solide, fut publié la première fois dans le premier recueil d'André Breton, Mont de piété (1919). Une lettre de Breton à Tzara, du 20 avril 1919, indique que ce texte était destiné au départ à la revue Dada 5 : « Quant à mon fait divers, voulez-vous le faire disposer sur la largeur d'une colonne de journal [...] Voulez-vous acceptez la dédicace d'Une maison ? Cela me fait plaisir ». Finalement Breton fit paraître dans Dada 5 son poème Pour Lafcadio, mais il conserva la dédicace à Tzara lors de la publication dans Mont de piété. Il s'agit ici d'un des tout premiers poèmes en prose de Breton, dont l'écriture met en pratique le « détournement » inspiré de Lautréamont, reprenant un fait divers extrait d'un journal, dont Breton a seulement changé les noms, et relatant l'effondrement d'un immeuble en construction, rue des Martyrs, ensevelissant sous ses décombres le gardien du chantier, alors qu'il avait crié pour sauver un enfant qui dévalait la rue en trottinette. Breton a modifié le nom de ce gardien en lui donnant celui de Guillaume Apollinaire, dont le jeune poète se réclamait alors. Et il est savoureux de voir apparaître le poète d'Alcools, en « sauveur, bien connu de l'entourage sous le nom de Guillaume Apollinaire [qui] pouvait avoir une soixantaine d'années [, qui] avait gagné la médaille du travail [et que] ses compagnons estimaient ». Le poème étant dédié à Tristan Tzara, ce singulier « faux fait divers » prend alors un sens poétique tout à fait remarquable. Comme l'écrit Marguerite Bonnet (Breton Œuvres complètes, Pléiade, p. 1097) : « Ce pseudo-poème s'inscrit ainsi dans la grande entreprise de destruction souterraine de la poésie dont Breton rêve alors et dont l'exaltation de la réclame, les collages sont d'autres aspects. Il n'est pas indifférent de noter que c'est le 15 avril 1919 que Breton achève de copier à la Bibliothèque nationale les Poésies de Ducasse. [...] Il est évident aussi que le choix du nom de Guillaume Apollinaire comme celui du sauveur du jeune Lespoir constitue à la fois une prise de distance et un hommage ambigu : reconnaissance de l'apport d'Apollinaire à la poésie moderne et refus de ce qu'il entendait par “l'esprit nouveau” ». C'est dans le n° 2 d'avril 1919 de la revue Littérature, qu'apparut la signature de Tristan Tzara, manifestant le rapprochement des jeunes surréalistes avec Dada.
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