[GOUNOD Charles]. SAND George (1804-1876).

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[GOUNOD Charles]. SAND George (1804-1876).
2 L.A.S. « George Sand » et « G. S. », Nohant 1851-1852, à Charles GOUNOD ; 2,3, et 4 pages in-8 à l'encre bleue. Intéressante correspondance au sujet d'une musique de scène pour la pièce de Sand, La Baronnie de Muhldorf¸ et d'un projet d'opéra-comique berrichon. [Sur cette musique, voir Condé, p. 482. La pièce de Sand fut rebaptisée ensuite Nello, puis Maître Favilla, titre sous lequel elle fut créée à l'Odéon le 15 septembre 1855.] [Nohant, 30 octobre 1851]. « Mon cher enfant, c'est superbe, rien qu'un fa dièze, un ré bémol mis à propos, et on sent la touche d'un maître, et, avec presque rien on sent venir le délire de mon personnage. Et c'est beau, c'est triste, c'est grand. C'est simple comme tout, et pourtant ça ne ressemble à rien. Et pourtant ça pourrait être encore du Haendel. Merci, merci mille fois, j'en suis enchantée, enthousiasmée, et je l'ai dans la tête, dans les oreilles, comme si je l'entendais avec les instrumens. [...] Vraiment vous avez dû avoir quelque peine à vous représenter cette scène sur le papier, et vous avez fait miracle, et si vite ! Je vous en remercie encore et toujours. [...] j'irai à Paris du 15 au 20 je crois, et je vous dirai mon scénario d'opéra-comique ou à peu près, et je crois que je pourrai le faire aussitôt que vous le voudrez. Nous parlerons de cette grande affaire bientôt »... Nohant, 10 janvier [1852]. « Merci, cher maître, pour vos bonnes paroles du nouvel an. J'ai besoin que mes amis me sauvent car je suis si malade de corps et d'âme que je sens que je ne tiens plus qu'à un fil. Je travaille encore, nuit et jour comme une machine qui ne peut s'arrêter que pour finir tout à fait d'exister. Quand ferons-nous un opéra ? Cet été, j'espère. À présent, je suis encore dans une nouvelle pièce. Je fais plus de pièces qu'on ne veut m'en jouer. On prétend que c'est trop difficile et que le public aime mieux autre chose, les drames de Bouchardy et les vaudevilles obscènes. J'ai donc Nello et une autre grande pièce faite depuis six mois, sur les bras. Marielle, autre pièce que l'on n'a pas voulu jouer, a été périr dans la Revue de Paris. Je croyais avoir gagné de quoi vivre un an, je n'ai pas gagné pour trois mois. Alors j'en fais encore une dans un autre genre pour voir si je pourrai gagner mon été. Sinon, je serai bien en peine car j'ai toujours vécu au jour le jour, et j'ai des charges qui me dévorent. Je mourrai sans avoir travaillé un jour pour moi. Qu'est-ce que cela au milieu de tant d'autres choses qui arrivent à tant d'autres meilleurs chrétiens que moi ? Ça ne vaut guère la peine d'en parler ; mais c'est pour vous dire que je me croyais prête à me donner tout entière à notre projet et que je ne le suis pas. Mais cela ne peut tarder plus de trois mois (car il faut que j'écrive un volume de mes mémoires [Histoire de ma vie], et c'est énorme). Dans trois mois, nous serons au printems. Si je ne suis pas hors de service à ce moment-là, je me mettrai à l'œuvre. Je ne veux pas vous faire commencer avant que j'aie fini. Sauf à refaire, si vous voulez que je refasse beaucoup. Mais je veux que le fond me vienne bien net. Si je mets six semaines à cela, ce sera le bout du monde. Espérons donc que vous pourrez venir cet été, et vous berrichonner musicalement. Peut-être que grâce à vous, la musique dont je suis privée depuis tant d'années à mon ordinaire, me ravitaillera pour quelque tems encore ». Elle raille le jugement de Théophile Gautier sur Gounod : « Décidément ce grand homme ne nous aime pas. Il procède du Janin qui ne vous fait des complimens que pour avoir en apparence le droit de vous échiner. [...] J'aurais bien voulu entendre Lulli rhabillé par vous [arrangement d'un air de Lulli pour Pauline Viardot]. Ah ! je voudrais bien avoir une heure de votre tête à ma disposition pour me musiquer un air de guitare-Watteau dans ce goût-là ». Et elle cite un duo de Lulli : « Vivre sans amour, C'est mourir de tristesse », ajoutant : « C'est un souvenir délicieux de l'enfance ». Elle évoque enfin le séjour de Pauline Viardot en Écosse... G. Sand, Correspondance, t. X, nos 5105 et 5193 et t. XV , n° S656.
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